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Lettres Mortes

by DO:NO

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1.
Le Cri 04:40
Sur le bitume lâche gît une pelure d'agrume, elle brûle au soleil et brille sous la lune, neuve, ronde, excentrique et féconde. Révolutions de palais, intrigues, larmes et secondes s'écoulent sur mes joues, se chevillent à mon sort, j'ai perdu tout espoir d'arriver à bon port. Errant dans le désert, confronté au désordre, cette oasis un fruit auquel je rêve de mordre. Elle cède vite sa place au mirage, on ne croit plus vraiment aux miracles à mon âge. Une atmosphère de drame flotte dans l'air, la pluie sans doute, peut être la guerre. Que toutes les issues soient condamnées, personne ne sort d'ici tout le monde veut s'en aller. Ma gorge me brûle, un voile couvre mes yeux, que personne ne hurle mesdames et messieurs. Ma gorge me brûle, un voile couvre mes yeux, que personne ne hurle… J'ai expérimenté une nuit sans sommeil, essayé de mentir, promis monts et merveilles. J'ai tenté, en vain, de voir le bon côté des choses mais ça sentait, en fait, plus le chrysanthème que la rose. Ne crois pas que les armes se taisent quand les gendarmes te baisent, te trahissent tes traces de pas dans la neige. Sordide histoire entre être et avoir, c'est ta sortie du soir de ta tour d'ivoire. Nous avons joué de la flûte, vous n'avez pas dansé, nous avons chanté des complaintes, vous n'avez pas pleuré : c'est le constat prépubère des conduites à risques, des cadavres à découvert dans une prairie aride. Les oiseaux se font rares, se cachent pour mourir, j'observe leur envol de l'autre côté du miroir. On s'habitue à tout à part à souffrir, on se berce de doux rêves, de pensées illusoires. C'est l'ironie du sort, l'harmonie dérisoire, c'est tout ce qui reste après la chute du pouvoir. Ne résistent au final que des cendres et des ombres et l'indécence fatale de la puissance du nombre. Le cri, tu l'entends ? C'est celui des âmes damnées depuis longtemps, celles qui ne ferment plus les yeux, n'auront jamais le cœur léger, lèvent les bras vers les cieux pour que leurs souffrances soient abrégées. Un cri sans heurt, sans fard, sans artifice, avec le sens des valeurs, du devoir et du sacrifice. Un cri sans heurt, sans fard, sans artifice, avec le sens des valeurs, du devoir et du sacrifice.
2.
Lettre Morte 03:14
Au commencement, D.ieu créa les cieux et la terre, des filaments de lumière au firmament lunaire, et puis le ciel s'est assombri, s'est raréfié l'air : le paradis, on l'a compris, ne fut qu'un rêve éphémère. J'ai lu les actes des apôtres mais mon prochain est un pitre, je n'aime ni lui ni les autres, titre du premier chapitre. J'ai dit la tierce en terre sainte, ai tout perdu en Utopie, maintenant mon éthique proteste en constatant qu'on m'a tout pris. J'ai rien appris sur le crystal meth dans le Talmud et c'est l'odeur des chrysanthèmes qui accompagne ma mue, j'ai pour comparses ma muse et un encrier degueu, pendant que les enfoirés s'amusent qu'ils sachent que nos lames s'aiguisent. Le mont Sinaï et les églises résisteront-ils au feu ? Comme nous ne sommes que convoitise les flammes s'attisent encore un peu. J'ai l'impression que tu confonds avaler couleuvres et épingles, que tu mélanges savoir se taire avec faire parler les flingues, que tu as cessé de te draper dans ta dignité perdue de peur que je ne vienne frapper ce pays d'interdit. C'était une journée d'avril froide et claire, je ne pensais qu'à écrire, à mettre mes pensées d'équerre, et puis la guerre s'est déclarée, on a changé nos cœurs en pierre, pour que le tout soit couronné brulé les livres dans les enfers. Maintenant j'erre seul dans ce cosmos archaïque, combien de fois devrai-je le dire le rap n'est pas un art de caïds. C'est les brûlures de ton mégot et les blessures de ton ego qui te font croire que tout est bien, qui te font croire que tout est beau. Il paraît que t'as le diable au corps, sans doute pour ça que je te colle au cul, je connais l'envers du décor les yeux du mal je les ai vus, m'y suis noyé m'y suis perdu, à quel prix en suis-je revenu ? Le prix des larmes le prix du sang, et moins j'en parle et plus j'y pense. La loi du Talion dans un monde où chacun baisse son pantalon, enfants de la patrie allons vendre nos cœurs au plus offrant, dans ce bordel des sentiments combien sont déjà morts au front ? Pour que mes mots ne restent pas lettre morte je suis venu lever l'affront.
3.
Je suis la nuit et le brouillard, cet œil qui te regarde de l’autre côté du miroir. Je suis un battement de cil, une étincelle, mon continent s’écrit entre marteau et faucille. Je suis cette mémoire qui te manque, ce souvenir qui te ment, ce sourire qui te hante. Je suis le seul à savoir qui tu es, à connaître ton vrai visage, à ne plus vouloir continuer. Je suis d’ici, d là-bas et puis d’ailleurs, insensible aux saveurs, je meurs de trop savoir et je sais que tu n’es pas ce que tu prétends être, je ne suis moi-même que la somme de mes prétentions. Soustraire les astres, multiplier les pains, les divisions d’hier pour mieux régner demain, les intermittences de la mort, l’autopsie d’un murmure, je suis ce qui reste du décor une fois fendue l’armure. C’est tout ce qui reste quand on baisse les bras, le crépuscule d’un mystère, un air irrespirable. C’est tout ce qui reste quand on baisse les yeux, la précaire impression de déjà vu, d’être déjà vieux. Et ça s’envoie en l’air dans les bordels, la jouissance, ses corollaires seraient-ils immortels ? L’illusion de la vie sans effets spéciaux, il n’y eu pas d’amnistie dans les wagons à bestiaux. Ils ont incarcéré nos peines jusqu’à saigner, on a exacerbé nos haines jusqu’à s’aimer. Ils ont jeté l’opprobre sur nos forfaits, on a recopié au propre nos portraits. Empire, ceux qui vont mourir te saluent bien, on ne dira ni la messe ni la prière pour les défunts. Ne résistent au final que des cendres et des ombres, et l’indécence fatale de la puissance du nombre. Le sang, sinistre et répandu, et le symbole de l’horreur porté en étendard. La fin de 2000 ans d’errance, pour qu’à la nuit et au brouillard succède le bruit et la fureur.
4.
Poussière 04:14
On fait tous semblant, on s'évertue à vivre ensemble, on ne se ressemble jamais autant qu'une fois qu'on est réduit en cendres. Je connais le prix du silence, celui de nos scansions, les tensions de l'existence. De poussière à poussière, tous fiers de nos parcours le cœur en guise de pierre, sous les pavés la guerre, partisan du moindre effort pactisant avec l'enfer. Y avait la vérité, le mensonge, des ambiances à capter, des caps à passer ensemble, on n'a pas fait nos preuves, ils ont cassé nos rêves, on attendra notre heure alors tendez l'oreille. Passager clandestin, être sans destin, "va vis et deviens" j'aimerais mais je me retiens. Ne retiens pas tes larmes et puis rends moi les miennes, un vol à mains armées dans le jardin d'Eden. Encore un jour de plus encore un jour de moins, peu importe après tout il fera jour demain. On est l'artisan de sa propre chute, on achète les avatars de la fortune. Ne pas se mentir, réécrire l'histoire, percer le mystère, briser le miroir, de poussière à poussière, où serons-nous demain ? Où étions-nous hier ? Fermer les yeux pour prolonger le rêve, faire quelques malheureux le sourire aux lèvres. Des vies écrites à l'encre effaçable, bâties sur les ruines de nos châteaux de sable. On se grime et on grimace et puis les masques tombent, ça s'envenime on se déteste, les mémoires d'outre-tombe résistent raisonnent mais se ressemblent toutes : certains auraient mieux fait de la fermer sans doute ! Du sang dans la poussière et dans la poudrière une étincelle et la misère de la classe ouvrière. Au bal des nations, à la marche du siècle, ensemble nous dansions une valse funèbre. Nos répertoires sont pleins d'histoires à brûler, nos repères tardent et se fardent pour hurler, tant de reproches par nos proches formulés, on finit par regrets et remords consumé.
5.
La vacuité des choses on la sent quand on respire, on reste figé, croulant sous le poids de nos vestiges. On craint le pire, on s'habitue au meilleur, on expire nos doutes, nos hantises, nos frayeurs. Suspendues à un fil, défilent les métaphores et les images de nos vies, imbéciles mises à mort. Nos rimes sont mises à mal, mises à l'épreuve et la misère rend parasites nos trips on prie pour qu'agonisent nos peurs, que s'harmonise l'ampleur du désastre et de la défaite. Je te méprise, depuis le premier jour je te déteste. Le cœur atrophié on apprend à se méfier, à défier le zèle, à jeter des pierres au ciel. Y a des tapages et des pollutions nocturnes, des braquages, des désillusions de drogue dure. Un mystère, deux hémisphères, une trinité sainte, sinistre et prospère. On se réveille en se disant si seulement je connaissais ces putains de dix commandements. J'en suis le fils et le fruit et pourtant je suis l'ultime, l'unique, le seul élément. Notre esthétique est celle de la douleur, on la porte au fond des tripes, tu sais pourquoi on a l'air triste. On a la peau usée par le soleil et par le temps, dans la vie il faut choisir et nous on a choisi notre camp. On n'a rien à dire de précis, notre salive est précieuse, mon rap, personne l'avait prédit, sort de la nuée silencieuse. On a les gènes exagérés, c'est vrai que parfois j'ai honte d'avoir tant de mains à serrer alors que je connais si peu de prénoms. On est perdu même chez nous, entre la chambre et le salon, c'est pas grave mais bon, je l'avoue, je dis bonjour à beaucoup de salauds. C'est moche, c'est la vacuité de nos existences misérables, on s'accroche à tout ce qu'on peut en sachant que le score nous éreinte, nous irrite, nous irrigue, et le sang suinte de nos iris, c'est soit l'alcool soit les larmes qui marquent l'atteinte de nos limites. On a perdu la confiance un beau jour de mai 48, matricule 48-59 point de départ de ma fuite. La corde autour du cou mais on ne t'accorde rien du tout, pas même l'illusion des adieux et la prestance ne mène à rien. Ta dignité est accessoire, au final elle n'existe pas, faire pleurer au journal du soir un lot de consolation banal. Un jour de consommation plus tard ton visage a déjà disparu. Il paraît que t'écris super bien mais ton histoire on l'a pas lue. Le jardin d'Eden en jachère et je tiens à ce que vous sachiez que ceux qui ne vous le vendent pas cher sont pourchassés par les huissiers. Les dents sont longues, les temps sont durs et on s'allège de nos salaires, celui de nos peurs, nos rêves que d'autres s'évertuent à salir. C'est ici que je vomis ta putain de comédie humaine, je veux du tapage sur toutes les chaines et du grabuge en haut de l'échelle. Je veux des archétypes perdus endormis sur leurs balancelles, on essaye mais on est seul comme l'élément providentiel. Le nombril du monde, une cicatrice, une plaie béante, la honte que planquent nos artifices de plébéiens, des soirées déchirées, des espoirs déçus, un enfant non-désiré, une simple histoire de cul. C'est pas le paradis sur terre, je fais partie des suspects, je fais parler les contraires quand tu additionnes je soustrais. Tu veux la paix ? Je veux du tapage, s'il faut j'incarnerai le carnage à base de rimes et de mots froids comme un cadavre. Je veux des soldats dévorés d'intelligence artificielle. On essaye mais on est seul comme l'élément providentiel.

credits

released March 10, 2015

Écrit par Dono
Composé par HTK (sauf "Tapage", composé par Le Seul Élément)
Enregistré/mixé/masterisé par Cadillac Prod (sauf "Tapage", mixé/masterisé par Nicolas Dick au Studio du Puit Sonore)
Photos : Julie Sarioglu
Artwork : Pierre Lorin

Label : La Géométrie Variable

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